Douanes, crime et mécanique

Ca fait longtemps qu’on a pas raconté nos petites (més)aventures de voyage alors pour ceux que ça intéresse, cet article pourra vous permettre de rire de nos malheurs. Nous sommes maintenant arrivés à Toronto, Ontario, donc on a fait pas mal de chemin depuis la dernière fois qu’on vous a raconté des trucs, du coup cette fois, les histoires sont rangées de façon un peu plus « thématiques » (et donc pas chronologiques, du coup c’est normal si ça vous parait mal rangé, on l’a fait exprès).

Le festival de la Douane

Première chose, on est parti de Cleveland avec pour destination Détroit, et pour gagner un peu de temps, on a décidé de prendre un ferry pour traverser le lac Erie, et donc passer au Canada pour revenir immédiatement aux États-Unis, puis en repartir un peu plus d’une semaine après. Ça a donc été le festival des Douanes, avec trois passages en moins d’une semaine. Si vous avez déjà passé une douane étasunienne, vous vous doutez surement que tout cela n’a pas été chose facile. Les douaniers étasuniens sont des gens qui se posent beaucoup beaucoup de questions sur les motifs de vos allers-retours et qui n’aiment pas du tout que vous ameniez des fruits sur leur territoire (notre hôte canadien nous a d’ailleurs expliqué qu’on pouvait se faire « ficher » pour une pomme qui traine au fond d’un sac et avoir droit à la fouille systématique pendant quelques années, true story). Bref, pour vous résumer les histoires :

  • Passage USA-Canada n°1, on arrive en ferry sur l’ile Pelée au beau milieu de la nuit. En gros, si les douaniers canadiens n’avaient pas voulu de nous, on était bon pour dormir dans un bureau de douanes coincé sur l’île à attendre le ferry de la semaine suivante. Heureusement, tout roule et on passe sans soucis!
  • Passage Canada-USA n°1, cette fois grâce à la gentillesse de notre hôte Daniel, on passe tranquillement la douane en rejoignant Détroit par le tunnel qui part de Windsor.
  • Passage USA-Canada n°2, les choses se compliquent, du coup on tente des trucs :

Stratégie 1 : passer à nouveau par le tunnel en prenant le bus qui relie Détroit à Windsor. En plus de ça, on a remarqué que la plupart des bus de la ville sont équipés de ça :

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Alors on se dit chouette, voilà un truc malin qui va nous aider. Sauf que non, pour des raisons de règlementation, le bus n’a pas le droit de déplier ce porte vélo dans le tunnel et bien entendu, les vélos « non-pliables » ne sont pas acceptés dans le bus.

Stratégie 2 : on tente de trouver un gentil conducteur pour nous prendre dans sa voiture.

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Et là la question c’est : qui voudrait prendre deux inconnus plein de bagages pour passer une douane et risquer la fouille avec toucher rectal puisqu’on pourrait très bien être des narco-trafiquants qui ont juste l’air sympas? Personne, bien entendu.

Stratégie 3 : une gentille péagère du tunnel vient à notre secours et nous conseille d’emballer les vélos dans des sacs poubelles pour pouvoir les faire traverser avec nous dans le bus.

IMG_20150616_175308Voilà où les États-Unis veulent qu’on range nos vélos, merci les gars, on voit où vous voulez en venir.

Mais même avec ça, le chauffeur n’a pas vraiment de pitié et nous laisse sur le bord de la route. Heureusement, on eu le temps de sympathiser avec Gerard, un Canadien de Windsor qui travaille à Détroit et qui nous propose de revenir nous chercher en voiture. Un geste d’une extrême gentillesse qui nous permet de passer la douane sans soucis pour revenir sur le sol Canadien. Bon on dit « sans soucis », et heureusement, parce que Gerard finit par nous avouer que son cœur s’est clairement arrêté de battre pendant les questions de la douane, merci à lui 🙂

Detroit, ville du crime bis

On entend souvent dire que Detroit est une ville dangereuse, ghetto, sanguinaire, meurtrière. Pour ceux qui n’en ont jamais entendu parler, Detroit, en quelques mots, c’est une ville qui s’est lancée dans l’industrie automobile la tête baissée sans se poser de questions. Ford y a notamment fait ses débuts mais sont présents toute la clique des constructeurs d’autos : General Motors, Chrysler pour les ricains, PSA, Renault ou Michelin y squattent aussi, et on s’arrête là parce que la liste est longue. Le problème, c’est que depuis que cette industrie a été délocalisée, il n’y a plus de boulot, plus d’argent, du coup tout le monde est parti et la population de 1,8 millions est descendue à 700 000. Par conséquent, la ville parait vraiment vide et certains quartiers sont totalement abandonnés, au point que certains se sont même mis à y faire du ski.

La ville est maintenant connue pour être la plus meurtrière des États-Unis avec un homicide par jour en moyenne. On y trouve également une sorte de symbole des inégalités sociales aux USA qui est assez connu pour qu’un certain rappeur américain en fasse le titre de son film :

La 8 mile road est une route au nord de détroit qui marque la fin de la ville. En gros traverser la 8 mile du  sud vers le nord c’est faire un bond dans les classes sociales assez phénoménal, on passe de plein de rues vides aux maisons délabrées habitées par des personnes souvent pauvres aux classiques quartiers résidentiels à l’américaine avec le 4×4 devant chaque perron, on retrouve donc encore ce découpage dont on vous parlait là.

Bon du coup avec tout ça, on s’est posé quelques questions au début, mais en fait, si on fait preuve d’un peu de bon sens, il n’y a aucune raison de se retrouver en danger. Il vaut mieux éviter de planter sa tente au beau milieu de la ville par exemple, c’est complètement stupide. Ou encore, on ne traverse pas toute la ville à vélo au milieu de la nuit. Ou bien, il suffit de ne pas réserver une chambre dans le motel le plus moisi de la ville. Ou même, il faut juste se dire que se mettre a prendre des chemins au pif pour rejoindre la maison de son hôte qui habite à 15km du centre ville alors que la nuit tombe, n’est pas une bonne idée.

Donc évidemment, nous on a fait tout ça.

IMG_8650Et voilà donc une jolie tente plantée dans une ferme urbaine au beau milieu de Detroit (Oui alors, ça a pas l’air super urbain comme ça, mais on vous le dit, Detroit c’est plein d’endroits abandonnés)

La première impression sur Détroit est donnée par ses allées totalement abandonnées, ses bâtiments industriels délabrés ou encore ses maisons brûlées à chaque coin de rue. Tout ça fait d’elle une ville à bout de souffle depuis un moment, figée dans une torpeur irrémédiable depuis bien longtemps.

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Sauf qu’une fois qu’on rencontre les détroitiens, on se rend compte que cette ville n’est pas peuplée de fantômes en déshérence mais d’être humains bel et bien vivants et pleins d’espoir à qui il tient à cœur de faire renaître la ville de ses cendres. On sent ici que se dire bonjour dans la rue, se retrouver pour partager des choses ou trouver un moyen d’embellir son quartier est important pour beaucoup de monde. A Détroit, on voit mal comment ça pourrait être pire, du coup, tout le monde cherche à faire mieux: on réfléchit, on nettoie, on crée, on construit, on cultive et tout ça on le fait ensemble.

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Notre parcours dans la ville nous a aussi fait découvrir le Heidelberg Project (du nom de la Heidelberg street où tout à commencé). Pour faire simple, un habitant de détroit du nom de Tyree Guyton a décidé de transformer un bout de quartier en une galerie d’art à ciel ouvert. Quasiment toutes ses œuvres sont faites d’objets récupérés dans la ville, colorés et assemblés pour former diverses sculptures qui donnent un tout autre visage aux maisons abandonnées et terrains vagues. L’ambiance peut paraître glauque de prime abord, mais ces amas d’objets du quotidiens qu’il utilise nous rappellent que Détroit n’a pas toujours été aussi vide qu’aujourd’hui.

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Le grand concours des perdeurs

Voyager à vélo comme on le fait, avec tout son matériel en permanence sur soi, ça contraint à tout déballer et remballer en permanence à chaque fois que l’on arrive quelque part. Donc évidemment, c’est check et recheck de chaque objet à chaque fois. Mais parfois, on pense à autre chose et on oublie des choses. Des fois c’est un gel douche et c’est pas très grave, mais des fois c’est plus important. Voici donc le compteur d’objets importants perdus depuis le début de ce voyage, on verra d’ici quelques semaines à qui revient le titre du « champion » (à prononcer avec beaucoup d’ironie dans la voix bien entendu).

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Premiers pas au Canada

Comme on a quitté Detroit, on a également fait nos premiers pas (ou plutôt coups de pédales) au Canada. On a fait la route de Detroit à Toronto en un peu moins d’une semaine en passant par les chutes du Niagara et en jouant au chat et à la souris avec un autre français et deux américaines qui faisaient le même chemin que nous et passant par les mêmes endroits.

Mardi 16 juin, notre hôte: « j’ai accueilli deux américaines hier soir »

Mercredi 17 juin, un potentiel hôte chez qui nous ne sommes finalement pas allé: « j’ai accueilli deux américaines hier soir et j’ai déjà un français ce soir »

Jeudi 18 juin, une vendeuse de fraises: « un français en vélo m’a acheté des fraises il y a 15 minutes »

Vendredi 19 juin, notre hôte: « Je peux vous accueillir, mais il va falloir se serrer, il y a déjà un français » Yes, on l’a rattrapé! On rencontre donc Florent, 33 ans qui fait un petit peu de vélo dans son temps libre.

  • Florent: alors ça fait combien de temps que vous roulez?
  • Clément: Oh ben là, ça doit faire deux mois à peu près, on est parti de New York. Et toi?
  • Florent: Moi, ça fait deux ans.

Ah ouais d’accord. Le bonhomme a fait l’Europe, l’Islande et maintenant se trimballe en Amérique du Nord, et apparemment c’est pas fini. On vous invite d’ailleurs à faire un petit tour sur son blog: http://florent-velo.fr/. On décide donc de faire la route ensemble puisque de toute façon, on va au même endroit.

Samedi 20 juin, une serveuse dans une café: « Deux américaines à vélo sont passé hier ». Décidément.

Dimanche 21 juin, Florent: « C’est con, pendant la demi-heure ou vous êtes allé boire une bière, j’ai croisé les deux américaines. » Ah ben m*rde.

IMG_8988Les chuttes du Niagara, c’est blindé de touristes et beaucoup plus bétonné que ce qu’on imaginait, mais bon c’est gros et quand même un petit peu impressionnant, donc on ne regrette pas notre détour.

Une entrée fracassante à Toronto

Après les chutes du Niagara et comme on a fait un petit détour au lieu d’aller directement à Toronto, on s’octroie un peu de répit pour les kilomètres restants pour arriver dans notre première ville d’étude Canadienne. On prend donc un Bus et un train dans lesquels les vélos sont gratuits pour rattraper le temps perdus en attractions touristiques. On triche un peu, mais franchement, ça fait du bien.

Arrivés à la gare de Toronto, Clément remarque que « C’est fou, cette journée est beaucoup trop facile! » Il faut dire qu’on est pas habitués à ne pas galérer et à arriver tranquillement dans une ville. Mais bon, ne vous en faites pas, le taxi Torontois qui est rentré dans l’arrière du vélo de Max nous a donné de quoi nous amuser un peu, ça serait dommage qu’on s’ennuie, non?

IMG_20150622_135416Bim la roue.

Bon rassurez vous, rien de cassé, le choc n’a pas été très violent et au final, on s’en tire avec juste avec une roue bien bien voilée et un garde-boue plutôt pas mal abimé. Le chauffeur était plutôt en tort et a dédommagé la roue (Max s’est un peu fait avoir avec la conversion en dollars canadiens pour l’estimation de ce que ça nous coûterait, mais bon tant pis).

Bref, on s’arrête là pour l’instant, on est maintenant posés pour un petit paquet de jours à Toronto chez Eric, qui est en stage en agriculture urbaine et qui nous accueille le temps qu’on visite la ville. Ah oui, et sinon, comme promis, on se lance dans le montage de la première vidéo sur les USA, ça va prendre du temps comme on vous l’a déjà dit, mais soyez patients, on vous prépare quelque chose de cool, c’est promis 😉

6 thoughts on “Douanes, crime et mécanique

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