La fin du Vietnam

Chères bâtisseuses, chers bâtisseurs,

L’heure est grave.

C’est depuis Hanoi, et un petit dortoir mal climatisé, que l’équipe d’Agrovélocity s’apprête à se séparer douloureusement de son président. Tandis qu’Arthur.C va marcher sur Istanbul comme Mehmet II en son temps sur Constantinople, notre président par intérim Hugo aura la lourde tâche de coordonner les dernières visites à Singapour.

Au terme d’un long et émouvant dernier discours, lors duquel il fut notamment proclamé que la journée du 8 juillet serait celle de l’Internationale étudiante Agrovélocity, celui qui a été notre chef, que dis-je, nos épaules, s’en est allé. En plus du précieux disque dur comprenant plus de 800 gigas de travail pour le reportage, Arthur rapporte avec lui de merveilleux souvenirs de ce périple sud-est asiatique dont les deux dernières semaines n’ont pas été avares. La sublime boucle d’Ha Giang à moto, 400 km en trois jours dans l’immensité des montagnes vietnamiennes bordant la Chine, constitue le point d’orgue de notre trip, peut-être de nos vies. Nous avons été littéralement éblouis par le nord du pays.

Après 3 mois et demi de baroude, de rires et d’épuisements nerveux et physiques, l’heure est aussi à un petit bilan sur la vie en Asie du Sud-Est.
Vivre ici, ce fût comme tordre le cou à toutes nos représentations du bien-être, à tous les concepts centraux de nos vies d’occidentaux, pour le meilleur comme pour le pire.

Il a d’abord fallu apprendre à patienter, nous qui venons d’une société ou la rapidité, la polyvalence et l’hyperactivité définissent une certaine vision de la productivité. Prendre son mal en patience, une condition essentielle pour commander des plats et en recevoir d’autres car les serveurs ne prennent pas de notes, ou réserver une chambre d’hôtel alors que nous sommes précisément dans l’hôtel à mimer le repos avec nos deux mains sur nos jours transpirantes.

On a essayé, sans succès, de nous acclimater au bruit ambiant et permanent. Des scooters klannonant sans interruption pour signaler leurs présences aux karaokés folkloriques sur les trottoirs en passant par le niveau sonore des discussions de 30 décibels plus élevés qu’en France, les agressions sonores sont constantes et le calme un luxe que personne ne semble vouloir s’offrir. Difficile parfois de se reposer après une longue journée de vélo…

Cette intrusion sonore va de paire avec une appropriation de l’espace, du public jusqu’au personnel, sans commune mesure avec nos rouages occidentaux. Du feu de déchet sur la route au pincement des poignées d’amour pour nous attirer dans une boutique, la notion de gêne est là encore redéfinie, imposée et entretenue par et pour tous. Qu’importe si vous ne souhaitez pas voir un poulet dépecé à l’entrée de votre hôtel !

Enfin, cette vie en Asie omet de considérer la sécurité des bâtiments ou des chantiers, l’esthétisme des maisons ou des rues et la plupart du temps, les préoccupations environnementales comme des fondements du développement. Ici, on soude en claquette, on marche pieds nus dans le béton, on construit sa maison rectilignement comme le voisin et on jette ses déchets dans la rivière qui elle-même fournie les poissons vendus sur le marché… seul semble primer le critère de la fonctionnalité.

Cette réalité atteint son paroxysme dans certaines grandes mégalopoles, comme Ho Chi Minh ou Phnom Penh. En poussant de façon déraisonnée pour répondre à la pression démographique, ces villes effacent l’individu et ses droits primaires, celui de pouvoir marcher dans la rue par exemple, au profit d’une masse de scooter grouillante totalement effrayante.

Déboussolante, l’Asie nous a aussi offert une autre façon de vivre en société, plus permissive parfois, avec des libertés différentes de celle du vieux continent.
A la débrouille, en travaillant tous les jours, la vie s’organise et les asiatiques font preuves d’une étonnante tranquillité face à tout ce que nous appelons des « agressions ».

A leur manière, toujours positivement, et avec des passés historiques et coloniaux parfois difficiles, ces populations gardent constamment le sourire et ont réussis à se construire un avenir dans lequel des préoccupations telles que l’agriculture urbaine ont leur place comme nous le montrerons dans notre documentaire.

De quoi nous questionner, nous aussi, sur nos exigences de propreté, d’efficacité, de législation… avons nous aseptisé notre société ?

Sur cette profonde question qui aurait pu être un sujet du BAC de philo, nous vous souhaitons un bon mois de juillet,

En pièce jointe, quelques photos de ce beau pays qu’est le nord vietnam,

Avec ce lien, la dernière vidéo des français en Indochine : https://www.youtube.com/watch?v=sf7EixppnMc&t=477s

Et avec celui-ci, https://www.youtube.com/watch?v=tvEt9dRcuVQ, une vidéo de remerciements pour tous ceux qui, de près ou de loin, ont rendu cette aventure possible.

Merci du fond du coeur.

A bientôt,

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